publié par Carmen Scarlat, le mardi 10 juin 2025
Pendant longtemps, j’ai cru que mon besoin de tout contrôler faisait partie de ma personnalité.
Que j’étais simplement “perfectionniste”, “exigeante”, “organisée”. Je suis sûre que tu sais de quoi je parle.
Mais j’ai appris plus tard, de ma propre expérience, que ce besoin de tout maîtriser était en réalité un geste de protection de mon système nerveux.
Ce n’était pas une question de caractère.
C’était une question de sécurité intérieure.
Ce “vouloir tout faire” vient souvent d’avoir dû tout faire, souvent très tôt dans la vie.
Parce qu’il n’y avait peut-être personne de vraiment fiable autour.
Parce que perdre le contrôle pouvait signifier qu’un événement douloureux allait se produire.
Alors le corps a appris une règle simple, gravée dans sa mémoire : “Si je tiens tout, je reste en sécurité.”
Ce n’est pas du perfectionnisme, c’est une mémoire de vigilance, une réponse du corps qui s’est adaptée à un environnement perçu comme instable ou imprévisible.
Le système nerveux ne cherche pas la perfection, il cherche la sécurité
Ce que nous appelons souvent “contrôle” n’est pas un excès de volonté ou de rigidité, c’est une tentative instinctive du système nerveux pour prévenir la douleur, le chaos, la perte ou la peur.
Le contrôle n’est pas rationnel : il est corporel et il s’active chaque fois que notre corps perçoit un risque, même minime.
C’est sa manière à lui de dire :
“Je ne veux plus revivre ça.”
Pourquoi « lâcher prise » ne fonctionne pas (et peut même être violent) :
On entend souvent : “Tu dois apprendre à lâcher prise.” Mais dire ça à une personne en contrôle, c’est un peu comme demander à un corps en alerte de se détendre sur commande.
C'est impossible.
Le contrôle ne se relâche pas par la volonté, mais par la sécurité.
Quand le corps apprend, peu à peu, qu’il est en sécurité ici et maintenant, qu’il n’a plus besoin d’anticiper, de vérifier, de retenir son souffle, alors le besoin de tout maîtriser se détend, naturellement.
C’est un processus doux, pas une injonction.
Le chemin ne passe pas par “faire moins”, mais par ressentir plus : sentir ses appuis, respirer, habiter son corps à nouveau.
Ce sont ces micro-expériences de sécurité : un souffle, un regard bienveillant, une présence stable, qui rééduquent doucement le système nerveux à faire confiance.
Et un jour, presque sans s’en rendre compte, on réalise que l’on peut enfin laisser les choses se faire.
Pas parce qu’on a lâché le contrôle, mais parce qu’on n’en a plus besoin pour se sentir en sécurité.
En résumé :
Le contrôle est souvent un mécanisme de survie, pas un défaut.
Le corps l’a appris dans des contextes où il fallait “tenir” pour rester en sécurité.
Le lâcher-prise n’est pas un acte de volonté, mais une conséquence d’un corps apaisé.
La vraie transformation commence quand on rétablit la sécurité intérieure.
Et si, au lieu de lutter contre votre besoin de tout contrôler, vous commenciez à écouter ce qu’il essaie de protéger ?